Le groupe ivoirien, Novamed entame une nouvelle page de son histoire en se développant dans la sous-région. Il vient de racheter un établissement au Burkina.
Le groupe médical Novamed poursuit sa stratégie de développement et d’expansion hors de Côte d’Ivoire. Son objectif : devenir le leader en Afrique de l’Ouest grâce à un plan d’investissement de 18 milliards de F CFA (27 millions d’euros) sur la période 2016-2020 (11 milliards ont déjà été débloqués). Avec un parc de huit cliniques, dont sept en Côte d’Ivoire et une à Ouagadougou, Novamed négocie actuellement le rachat d’établissements privés à Dakar et à Bamako.
Cette stratégie d’expansion répond à un déficit criant d’infrastructures de santé dans la sous-région. Ce dernier s’explique en partie par la faiblesse du soutien financier apporté par les banques aux cliniques, qui, dans leur grande majorité, appartiennent à des médecins. Le manque d’investissement est encore plus patent au regard de la qualité des plateaux techniques indispensables à la prise en charge de pathologies comme le cancer ou les maladies cardiaques. Cette situation a engendré le développement d’un tourisme médical des classes aisées vers l’Afrique du Nord, Israël et l’Europe. Chaque année, le coût des évacuations sanitaires à partir de l’Afrique de l’Ouest est estimé entre 25 et 50 milliards de F CFA.
Novamed espère ainsi faire d’Abidjan un hub capable d’attirer les malades de la région susceptibles de partir se faire soigner à l’étranger. « Notre approche est basée sur quatre piliers : la qualité dans le suivi du patient, bien entendu la sécurité des prestations, la formation du personnel et une spécialisation de tous nos établissements », explique Sami Chabenne, le directeur général de Novamed.
Rénover l’établissement
La polyclinique de l’Indénié, située dans le quartier du Plateau et actuellement en travaux, abritera une clinique du cœur avec des équipements identiques à ceux de l’hôpital américain de Neuilly, près de Paris, une référence pour de nombreuses personnalités ouest-africaines. La polyclinique des Deux-Plateaux a, elle, été choisie pour traiter les cancers. L’établissement, qui souhaite se mettre aux normes françaises, a lancé une procédure de mise à niveau conforme à la certification HAS française (Haute Autorité de santé). Toutes les cliniques, telles que les Grâces à Abidjan, les Rochers à San Pedro ou la Polyclinique internationale à Ouagadougou, par exemple, seront rénovées.
À terme, Novamed veut être présent dans dix pays africains. Le nombre de patients traités par an oscille actuellement entre 150 000 et 200 000. Il devrait atteindre 400 000 dans trois ans. Pour y parvenir, le groupe entend passer de 300 à 600 lits d’ici à 2020. « Nous visons la classe moyenne. Nous ne ciblons pas forcément les élites. Notre plan d’affaires est fondé sur le volume et non sur les prix. Nos tarifs seront inférieurs à ceux d’Afrique du Nord et d’Europe », précise le directeur général, qui n’ignore pas les concurrents sérieux que sont la polyclinique internationale Sainte-Anne-Marie (Pisam) d’Abidjan – engagée elle aussi dans un vaste plan d’investissement afin de relever le niveau de son plateau et créer un centre de cancérologie –, la polyclinique Farah et la polyclinique internationale Hôtel-Dieu.
Le facteur X
Polytechnicien d’origine libanaise, Sami Chabenne est passé par le Boston Consulting Group au Caire et à Casa avant de rejoindre le groupe Saham, dont il a piloté le développement en Côte d’Ivoire à travers le rachat de plusieurs cliniques. Acquis par Amethis en 2015, ces établissements constituent désormais le groupe Novamed, dont Sami Chabenne est le directeur général.